AUTO PRODUCTION (3ème épisode)

Ceci est le 3ème épisode de l’auto production de mon cd. Etant moi-même aux commandes en tant qu’ingénieur du son (voir auto production 1er épisode), je prends la pleine mesure des tracas que les musiciens peuvent faire subir aux intervenants d’une production musicale : le principal problème est qu’il est impossible de réaliser un enregistrement digne de ce nom en une semaine, et, malheureusement, la plupart des séances réalisées en Afrique durent 7 jours. Contrainte budgétaire oblige. Il est bon de savoir que le coût minimum d’une séance d’enregistrement dans un studio en Afrique de l’ouest varie de 50 000 frs à 200 000 frs CFA / jour. Viennent ensuite s’ajouter la duplication, la jaquette, et si vous en avez les moyens, les clips et la campagne publicitaire. On comprend alors facilement pourquoi ceux qui se donnent le titre de producteur préfèrent investir sur des artistes qui sont susceptibles d’amortir les frais dans des délais courts.
Le bassiste Léon Sarr commence ses séances. C’est un musicien expérimenté qui a fait les premiers albums du Sénégalais Ismaël Lô, à Paris. La basse étant un instrument qui est fortement impliqué dans la tenue du tempo, c’est sans trop de difficultés que Léon a pu enregistrer trois morceaux. J’ai quand même doublé les prises, pour le cas où je n’aurais pas entendu quelques erreurs au moment de l’exécution. Tous les morceaux que Léon a joué lui étaient familiers car nous les jouions de temps en temps ; il est à mon avis déconseillé d’enregistrer sans maîtriser son sujet, avec ou sans partitions. Je retourne donc à mon travail d’ingénieur du son…Dès que vous ajoutez un seul instrument la physionomie de votre produit prend une autre forme : le son est une sensation que vous pouvez comparer aux couleurs. La guitare basse peut faire basculer les choses du rouge au rouge foncé, ou transformer une ambiance gaie à une ambiance morose ou plus lourde. C’est la nature même des basses fréquences générés par cet instrument. Heureusement, Léon possède un très bon instrument : une ” Fender jazz bass ” des années 1970. Malgré ces points positifs je ne suis pas tout à fait satisfait. Perfectionnisme ? Je ne pense pas. Je dirais plutôt que je n’entends pas encore mes compos avec la même perception que j’ai dans mon esprit. Je dois encore négocier avec le logiciel et l’ordinateur. Je suis sûr qu’il y a des solutions ; et je découvre qu’il y a des amplis virtuels inclus que je n’avais pas encore exploités. Je trouve enfin des options qui me permettent de traiter en particulier le son de la guitare basse. Toute cette gymnastique demande une forte concentration et il arrive qu’on sature ; l’oreille humaine a alors des difficultés à dissocier les sons. Notre pianiste officiel Joruth Gadji étant décédé quelques mois auparavant je fais venir un autre prestataire, Atoumane Diop et commence à faire les prises ” claviers “. A ce stade de l’enregistrement mon ami Français vient faire une pré-écoute et me tient des propos encourageants.