Enregistrer ses compositions dans un vrai studio est le rêve de tout musicien digne de ce nom ; au Sénégal, et presque partout en Afrique, certains promoteurs ont investi dans des structures plus ou moins performantes ! Le matériel technique est bien là mais pas forcément les hommes capables de manipuler convenablement ces outils techniques qui, faut-il le rappeler, sont dotés de toutes sortes de gadgets propres à notre époque dominée par la révolution du ” numérique “.
Disposant d’un petit logiciel multipistes destiné à faire de simples maquettes je me contentais de faire des petits travaux pour au moins avoir une idée de mes compositions. Un jour, alors que j’étais en train de converser avec un ami Français, je me plaignais du manque de moyens techniques et financiers (les studios dignes de ce nom pratiquent des tarifs qui ne sont pas à portée de bourse de la plupart des musiciens) j’entendis une phrase qui allait créer un gros déclic dans mon cerveau… Cet ami m’a dit : ” Mais pourquoi en Afrique, vous ne faites pas avec les moyens de bord ? ” Après avoir imprimé le manuel d’aide de mon logiciel, je me suis retrouvé avec, au bas mot, 400 pages de termes techniques, que je me suis efforcé de comprendre avec mon esprit d’amateur. Puis j’ai décidé de faire un test pour réaliser un cd de démonstration, qui au niveau du son, ont convaincu toutes les personnes qui l’ont entendu…J’avais alors travaillé avec environ 16 pistes et produit un cd qui reflétait le répertoire de mon groupe, ” Edu Bocandé Quartet ” (Blues, jazz, rock, musique Latine et Africaine) Ragaillardi par les bons résultats techniques obtenus au niveau de la gestion du son, je décidai de passer à un projet beaucoup plus ambitieux : enregistrer douze compositions. Il me faut ici préciser que le matériel dont je dispose est réduit à sa plus simple expression :
- Un ordinateur P 4 muni d’un processeur de 1.8 GHz
- Une carte de son domestique
- Le logiciel Magix audio studio
Il était bien entendu hors de question pour moi de travailler avec la section ” midi “, qui ne fonctionne qu’avec des outils plus sophistiqués, c.à.d. un clavier maître, une carte de son professionnelle d’au moins huit entrées et huit sorties etc…Je travaille par conséquence avec le système audio, et aucun instrument, hormis la boite à rythme, n’est automatisé. Il me faut expliquer ici que j’utilise une boite à rythme non pas parce que je n’ai pas un batteur attitré mais parce que je ne suis point outillé pour faire ce type de prise de sons : il faudrait d’abord disposer d’une salle insonorisée, d’au moins 5 à 6 micros performants, et bien entendu d’une carte de son professionnelle et d’un autre logiciel. Après avoir programmé ma boite à rythme (” Boss Dr 550 “) pour le premier morceau (” Bodjolé “) la première question qui m’est venu à l’esprit est de trouver un système pour isoler chacun des éléments du rythme (grosse caisse, caisse claire, cymbales, percussions etc…) sur une piste indépendante. Pour résoudre mon problème, j’ai décidé d’enregistrer ces différents sons percussifs un à un, et manuellement, en mettant systématiquement au niveau zéro tous les autres éléments qui ne doivent pas rentrer sur la piste actionnée. Je commence d’abord par enregistrer un métronome (ou clic) sur une piste, puis, à partir de la 3ème mesure, pendant que le ” clic ” résonne, (il faut quand même entendre un signal) j’actionne ma boite à rythme avec le bouton ” start “. Un ensemble batterie plus percussions comporte facilement entre 10 et 15 sonorités. Un morceau dure entre 4 et 5 mn. Avec un peu de chance et sous réserve que vous arriviez à synchroniser le geste ” start ” avec une minutie quasi robotique, vous passez une bonne nuit de 8 heures pour stabiliser cette manipulation…En général, après cette séance, je prends du repos avant de passer à une seconde étape.