AUTO PRODUCTION (4ème épisode)

Pour donner une couleur bien africaine aux morceaux ” Bambinani et Bodjolé “, je fais venir le Koriste Issa KOUYATE. La kora est un instrument typiquement mandingue. C’est un instrument avec des cordes de nylon, dont la caisse de résonance est une calebasse. Mory KANTE fait partie des musiciens qui ont donné à cet instrument lyrique (au sens propre du terme) ses lettres de noblesse, avec notamment le morceau ” Yéké yéké “. En Afrique de l’ouest, la Kora et le balafon sont les deux principaux instruments que les griots utilisent pour toutes les manifestations et festivités sociales (baptême, mariage, etc…).

Enregistrer une Kora, ou un balafon nécessite une bonne maîtrise des techniques du son ; la raison est simple : ce sont des instruments conçus pour être joués dans des ambiances très vivantes (” Live “). Le koriste ou le balafoniste distillent leurs sonorités non pas dans une atmosphère feutrée, mais plutôt bruyante, en plein air ou dans des salons. Par conséquence, le musicien joue souvent en ” attaquant ” vigoureusement les notes, lorsqu’il tient à se faire entendre… Au phénomène de la variation de l’amplitude des sons viennent s’ajouter ce que les physiciens désignent par le terme ” harmoniques “, qui sont des fréquences sonores supplémentaires, générées naturellement par ces deux instruments. C’est l’ensemble de la note perçue par l’oreille humaine, plus tous les ” bruits ” moins perceptibles, qui donnent un cachet authentique à ces instruments séculaires. D’autre part, la Kora est un instrument mono tonal ; ce qui veut dire que si vous changez de tonalité dans un morceau, il faut la réaccorder. Ne vous étonnez donc pas si je vous affirme que c’est au bout d’une bonne journée de travail qu’Issa KOUYATE a posé sa Kora sur les morceaux ” Bambinani et Bodjolé “.

Mon combat pour trouver le compromis entre le respect de la sonorité naturelle de cet instrument et les gadgets électroniques dont je dispose a duré plus de deux mois ! Entre temps, je décide de jouer moi-même du piano électrique…Je ne suis point pianiste mais je sais comment fonctionne cet instrument. J’exécute les différents accords et autres sonorités ” à pas de tortue “, et continue à faire des prés mixages de tous les morceaux. A ce stade des opérations je suis littéralement dans un état de veille permanent, je dors à peine quatre heures par jour : l’état de transcendance d’une personne qui accouche s’installe…. !