AUTO PRODUCTION (2ème épisode)

Je suis toujours à pied d’œuvre sur le morceau ” Bodjolé “. Une fois l’ensemble batterie-percussions stabilisé (cf. AUTO PRODUCTION 1er épisode), la procédure logique est d’enregistrer la guitare basse. L’ensemble batterie + guitare basse est considéré par la plupart des musiciens comme étant les fondations d’une maison, ou d’un immeuble. Le bassiste, Léon Sarr, habite à environ 30 km de Dakar, où je suis domicilié. Pour gagner du temps je commence quand même à enregistrer mes parties de guitare. Mes musiciens et moi-même sommes des personnes qui jouons la plupart du temps ” Live “. Le tempo fluctue au gré de l’ambiance du public et de nos propres émotions. Avec une boite à rythme, donc un robot, il faut sans arrêt contrôler son adrénaline. C’est donc dans une solitude totale et quelques nuits blanches que j’ai réussi à ” poser ” mes parties de guitare, étant entendu que seules les prises qui avaient une vraie valeur émotionnelle ont été validées. Puis j’enregistre une voix ” témoin “, pour voir si ma composition ” tient la route ” : je pars du principe qu’avant de mettre une orchestration ou des arrangements sophistiqués pour habiller une chanson, il faut s’assurer que l’expression est présente même dans le dépouillement ! Ensuite il faut veiller à ne pas mettre des détails superflus ou hors de propos ; la personne qui écoute peut alors entendre la musique sans être inutilement ballottée dans des univers qui s’écartent de l’essence de l’œuvre. A ce stade je commence à faire des premiers mixages, qui consistent surtout à trouver la bonne équalisation (aigus, médium, graves et volume pour chaque instrument). Le morceau commence à prendre vie, et je décide de commencer à mettre en place trois autres chansons, ” Degloul “, ” Di Douniaï e Tiore Tiore ” et ” Mounelen ” Mon intention est de faire en sorte que le bassiste Léon Sarr aura au moins trois chansons ” à se mettre sous la dent “. Durant deux mois, je donne forme à quatre chansons. Il faut comprendre qu’il est normal dans ce genre de travail, de passer son temps à faire des ” pré-mixages “, ou à reprendre telle ou telle partie dont on n’est pas satisfait. D’autre part, Léon Sarr venant à Dakar quand le groupe doit honorer quelques prestations, il fallait trouver le moment le plus opportun pour qu’Il soit disposé à commencer ses séances d’enregistrement. Ce n’est pas par hasard que le silence est exigé dans un studio, quand la lumière rouge s’allume : on a besoin de ” paix intérieure ” dans ces moments là !